Manifeste

Mon premier désir est de rester farouchement libre. Figer un tableau, lui donner une pose inamovible, est quelque chose qui m’accable!

J’ai voulu dépasser l’ immobilité de l’œuvre picturale , même si elle est apaisante pour l’œil qui la contemple : l’art comme la liberté ne sont pas faits pour nous rassurer, mais pour nous grandir, pour nous étirer et nous amener à des nouveaux champs de perception et de conscience.

En l’an 2000 J’avais fait quelques pièces de format carré, que l’on pouvait mettre dans 4 sens différents : 4 sujets pour un tableau, un pour chaque sens d’accrochage ! Et je suis passé à autre chose….

L’art permutable est arrivé grâce à mon animal fétiche d’alors : la girafe. Un jour, ayant plusieurs toiles petites mais voulant réaliser une grande girafe, j’ai décomposé l’animal en plusieurs morceaux. Les parties du corps ont pris leur indépendance et pouvait être reliées entre elles de différentes façons. ma première girafe permutable était née. J’ai essayé le même processus avec des formes de poissons, d’ oiseaux, et j’ai commencé plus sérieusement l’exploration « permutatoire », en utilisant les carrés, faisant des allers retours entre le figuratif et l’abstrait, le narratif et le décoratif.

En 2008 j’ai fait ma première exposition d’œuvres permutables à Vienne en Autriche. Le public fut saisi par l’aspect « puzzle sans fin », la réflexion que demande cette création, la magie qui s’en dégage.

En créant, je reste proche de l’enfant intérieur, celui qui dessinait 4 heures par jour sans s’arrêter, qui dessinait des histoires en permanence tout en se les racontant à voix haute, et qui après les rejouait dans le jardin avec des déguisements de fortune. Pour moi, l’art et la vie sont indissociables. Les petits enfants dessinent à plat, n’ont pas d’en haut et d’en bas dans leur représentation. Je ressens cela comme le point de vue métaphysique de l’enfance, un espace temps plus ouvert que celui des adultes. J’ai retrouvé cette dimension dans mes œuvres permutables, . Le haut peut être en bas, la gauche devenir la droite, on y trouve la possibilité d’une métamorphose perpétuelle de l’espace temps et des choses.

D’autre part, la permutation exprime la nécessité que j’éprouve de trouver un dénominateur commun qui me permet de me relier à un autre quel qu’il soit : animal, plante, être humain d’un genre ou d’une culture différent, avec une pensée différente de la mienne.

Dans une œuvre permutable, la géométrie que tous les carrés ont en commun, symbolise le fil d’or de l’empathie. En effet un carré peut se relier à tous les autres carrés de l’œuvre et ce dans tous les sens ; de même qu’un être capable d’empathie peut nourrir des liens intenses et variés avec un grand nombre d’autres êtres.

Cela semble venir de mon histoire personnelle. j’ai dû déménager souvent dans mon enfance : en l’espace de seulement 3 ans, j’ai été scolarisé dans trois pays différents, avec trois langues différentes, de nouveaux amis…etc .La vie m’exhortait à apprendre à tisser de nouveaux liens à chaque fois. Le dessin fut ma patrie intérieure, un monde, dans lequel je pouvais toujours me retrouver, où que je sois.

J’en suis arrivé à faire des œuvres où l’on peut toujours trouver un sens nouveau : une façon d’exorciser et de dépasser les peines liées à ces déracinements successifs. Celles-ci

sont sublimées dans la joie et la fascination de pouvoir découvrir d’innombrables nouvelles configurations ( plus de 95 milliards pour 9 carrés).

Paradoxalement je peux offrir cette liberté de la permutation grâce la grande contrainte que m’impose la construction de mes œuvres.

Je sens une profonde vérité dans ce paradoxe : en effet, force est de constater que dans tous les domaines du vivant, la liberté se trouve avec la capacité à se forger ses propres règles et valeurs. Je rends visible, dans l’art permutable ce va et vient entre la règle et la liberté maximale. Ce qui confère à mes œuvres une dimension presque politique et sociale, autant que philosophique.

Effectivement l’art et la vie sont reliés, les pièces permutables nous permutent et sont l’alchimie de notre transformation , l’illustration pure de l’ être intérieur dans toutes ses multiples dimensions.

Séverin KRÖN

Né en 1964 à Nanterre près de Paris. 1981-1982 : Atelier de scénographie à l’Académie estivale de Salzbourg, Autriche. 1983-1984 : Académie JULIAN, Paris. 1984 : Atelier de gravure à l’Académie estivale de Salzbourg, Autriche. 1985-1992 : Académie des Beaux-Arts de Vienne et Mozarteum de Salzbourg, Autriche.

Dessin et Peinture 2007 : Premières expériences avec ce qui deviendra l’Art Permutable. 2012-2013 : Switch-Art-game, application-jeu d’Art Permutable pour Androïd. 2014–2016 : Série d’œuvres inspirées par la Tétralogie de Richard Wagner et par les légendes Inuits. Y compris un court métrage d’animation à partir de ces œuvres.

EXPOSITIONS PERSONNELLES RECENTES

2016 : « Behaarte Nacht », Romanischer Keller, Salzburg

« Art Permutable », Galerie JPHT, Paris, France 2015 : « Ring Variationen », Haus Pacher, Salzburg, Autriche

« Die Weltweite Odyssee, work in progress » Exposition et résidence d’artiste à

Gmünd (Autriche) « Die Weltweite Odyssee » Cerny Inuit Collection, Bern, Suisse 2013 : Gallery Da Mihi, Bern,Suisse 2012 : Gallery Da Mihi, Bern,Suisse 2009 : Gallery Corinna STEINER, Vienne, Autriche 2008 : « Modulart » Gallery Corinna STEINER, Vienne, Autriche

PERFORMANCES

Ces performances d’Arts croisés mettent en scène peinture en direct, textes et musique. J’ai eu le plaisir de travailler entre autres avec Marie- Christine BARRAULT [http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Christine_Barrault], Charles GONZALES [http://www.charles-gonzales.com/ ], Gérard FAROUX [https://www.youtube.com/watch? v=2X_LK5aTAF4] entre autres artistes.

1996 : « LA GRIFFE DU TIGRE» pour un récitant, un peintre et un batteur de Jazz.

2000 : « QUATUOR » composé pour un trio Jazz de Gérard Faroux et un peintre. Commande de l’institut culturel de France à Frankfort sur le Main

2004 :« LE BEAU DANUBE BLEU » conçu pour un petit orchestre et un peintre, commande du Festival de Salzburg, Autriche.

2005 : « OPALE » pour une pianiste-chanteuse et un peintre.

2006 : « CONCORDANCES» [http://www.dailymotion.com/video/x2t0w4_concordances-ba- new_creation]inspiré de contes d’ Oscar WILDE, récitante : Marie- Christine BARRAULT avec un organiste, un peintre et un dispositif vidéo.

2007 : « TELÂME » pour une récitante (Marie-Christine Barrault), une organiste, un batteur de jazz Gérard Faroux), un peintre et un dispositif vidéo.

2011 : « TELÂME » nouvelle version, avec Charles GONZALES en récitant .

Expositions

Permutations